mardi 21 janvier 2014

Histoire épineuse d’un Verger devenu Garde des Bois et Champêtre…


Epines généalogiques et autres énigmes… Sophie Boudarel nous propose pour le #geneatheme de janvier de partager nos problèmes qui peuvent nous bloquer dans nos recherches. Pour aborder ce sujet, je vous propose de découvrir Bernard VALENTIN, ancêtre à la 10ème génération, et qui me pose pas mal de questions (tant sur sa vie que sur celle de sa fille).

Ce post vient en écho d’un très bon article d’Elise sur les Gardes-Champêtres, et qui m’a inspiré le sujet et le personnage que je vais vous présenter.


Vie à Hagondange jusqu’en 1756 puis… plus rien avant 1765 

 

Le début de l’histoire de Bernard VALENTIN se passe à Hagondange. C’était à l’époque un village situé en rive gauche de la Moselle, entre Metz et Thionville, et dont la taille était bien loin de la ville actuelle qui compte aujourd’hui près de 9300 habitants.
Le village d’Hagondange en septembre 1755
Né en avril 1733, il est le fils de Nicolas VALENTIN, manœuvre, et de Marie QUERTON (ou CRETON). 20 ans plus tard, Bernard se marie à Courcelles-Chaussy en février 1754 avec Barbe GARAND. Le couple s’installe ensuite à Hagondange. Bernard est manœuvre. Ils eurent deux premiers enfants, tous les deux prénommés Jean, en mai 1754 et janvier 1756.

Je perds à ce moment la trace de Bernard VALENTIN et de sa famille après janvier 1756. Je ne les retrouve que 9 ans plus tard à Courcelles-Chaussy, le village d’origine de son épouse.

Première(s) question(s) : Que s’est-il passé entre 1756 et 1765 ? 

Parmi les indices, figurent la date et le lieu de naissance de sa fille, Catherine, également mon aïeule. En effet, dans un de ses mariages, il est dit qu’elle est née le 1er décembre 1760 à « Escasel ». A force de recherches sur le nom de la ville, je pense qu’il s’agit d’une mauvaise transcription de « Hesse-Cassel ». J’ai dons émis l’hypothèse que Bernard VALENTIN était soldat pendant la guerre de sept ans (1756-1763) et aurait combattu et se serait installé avec sa famille dans cette région d’Allemagne, lors de l’occupation française. Cette hypothèse est possible, dans le sens où il existait à côté d’Hagondange, un camp militaire qui a notamment accueilli des troupes qui ont combattu ensuite pendant la guerre de sept ans. Comment vérifier cette hypothèse ? Pensez-vous qu’il est-il possible de retrouver l’acte de naissance de Catherine VALENTIN ? Quelles ont été les conditions de déplacement et d’installation de familles entières venues de France ? 

Retour à Courcelles-Chaussy : un manœuvre devenu Verger 


Je retrouve donc Bernard VALENTIN et Barbe GARAND en janvier 1765 à Courcelles-Chaussy. Il est alors manœuvre. Le couple eut cinq enfants entre 1765 et 1772, dont deux seulement survécurent jusqu’à l’âge adulte. Détail important, Bernard VALENTIN ne savait à ce moment ni lire, ni écrire.
En juin 1760, changement de situation. Bernard VALENTIN est cité comme « Verger » dans l’acte de décès de son dernier enfant et signe dans l’acte de sépulture. En janvier 1781, on en apprend un peu plus dans les registres paroissiaux où est intercalé un certain « serment du verge », dont voici un extrait :

L’an Mil sept cent quatre vingt un, le vingt huit Janvier […] je soussigné prêtre et curé de cette paroisse pour réprimer les scandales qui se commettraient dans cette église, a l’absence des échevins, ai fait prêter serment […] a bernard valentin verger de cette paroisse de remplir exactement les devoirs de sa charge et notament de faire au greffe de la justice de ce lieu des rapports de tous les scandales qu’il n’aura pu empecher dans cette église et de les faire toujours conforme à la vérité en foy de quoy il a signé avec moy 

b. valentin frochard curé de Courcelles Chaussy 

Deuxième question : Qu’est-ce que précisément un Verger ? Quels sont ses rôles ? 

S’agit-il d’une spécificité locale ? Je n’ai pour l’instant rien trouvé sur le « Verger ». Il possède a priori un rôle de justice au sein de l’église. Autre remarque: Bernard VALENTIN a-t-il appris à écrire pour cette occasion précise (il était alors âgé de 47 ans…) ?

Déménagement et changement de situation : le Verger devient Garde des Bois, puis Garde des Bois et Champêtres 


En août 1788, je retrouve la trace de Bernard VALENTIN et de sa famille à Lue. Lue est un village localisé dans la paroisse de Hayes qui est située au nord de Courcelles-Chaussy. Il est cité comme Garde des Bois, puis, à partir de 1794, comme Garde des Bois et Champêtre. Il conserve cette situation jusqu’en 1796 au moins. Il était alors âgé de 63 ans.

Mes derniers questionnements concernent sa fille, Catherine, citée plus haut. Son histoire est quelques peu complexe puisque j’ai recensé :
  • Deux naissances illégitimes de père inconnu (dont un de mes ancêtres) en 1788 et 1790, 
  • Un mariage avec Jacques REGULLIER (originaire de la Mayenne) en 1791,
  • Une naissance issue de ce mariage en 1792, 
  • Un divorce d’avec Jacques REGULLIER, celui-ci étant considéré comme émigré, en novembre 1793,
  • Une naissance issue du mariage considéré comme légitime entre Catherine VALENTIN et Jacques REGULLIER (alors qu’ils étaient officiellement divorcés…) 
  • Un remariage de Catherine VALENTIN avec Nicolas GASNER, veuf, en septembre 1801 (OK, c’est possible un remariage) 
  • Le décès de Jacques REGULLIER puis de Catherine, quelques jours plus tard, les deux étant considérés comme mariés (alors là c’est à n’y plus rien comprendre…) 

Troisième question Bonus : C’est quoi que ce Schmilblick ? 

Je n’ai pas trouvé de trace de divorce entre Catherine et Nicolas GASNER, et de remariage avec Jacques REGULLIER. Mon hypothèse est donc que le divorce d’entre Jacques REGULLIER et Catherine VALENTIN aurait été annulé par décision de justice après le retour en France de Jacques REGULLIER (il était domestique du Sieur Jobal au château de Lue, et aurait accompagné son maître en 1793 lors de son émigration). Du coup, le remariage avec Nicolas GASNER aurait été caduc. A votre avis, cette hypothèse vous semble t-elle possible ? Si oui, où chercher d’éventuels indices ? 

Par avance, un grand merci pour vos commentaires et suggestions qui me permettront d'avancer dans mes recherches !



Sources :
  • AD57 – 2 MI361/1 – Registres paroissiaux de la paroisse d’Hagondange (BMS - 1696-1793) 
  • AD57 – 9NUM/5E111/2 - Registres paroissiaux de la paroisse de Courcelles-Chaussy (BMS - 1736-1765) 
  • AD57 – 9NUM/5E111/3 - Registres paroissiaux de la paroisse de Courcelles-Chaussy (BMS - 1766-1793) 
  • AD57 – 9NUM/312ED1E3 - Registres paroissiaux de la paroisse de Hayes (BMS - 1761-1790)
  • AD57 - 2 MI 376/1 et 5 MI 312/1- Registres d’Etat-Civil de la commune de Hayes (NMD) 
  • BNF - Richemont, 1755 – Gallica – Bibliothèque nationale de France, département Arsenal)