dimanche 30 septembre 2012

André Coquard, baptisé contre vents et marées

En dépouillant les registres paroissiaux de Luttange (Moselle), je suis tombé sur un acte de baptême particulièrement intéressant, et nous permettant de retracer quelques heures de la vie de nos ancêtres...

Nicolas COQUARD (Sosa 436) était marié en première noce avec Anne CERFONTAINE. Il était manoeuvre de profession et demeurait à Schell. Ce village dépendait de la paroisse de Luttange qui était située à plus de 5 kilomètres.

Le 14 décembre 1747, naquit leur 4ème enfant : André COQUARD. En lisant le registre de Luttange, nous apprenons que le baptême a été réalisé à Volstroff. Voici ce qu'écrit le curé de Luttange :

"Ledit Bateme s'est fait à Wolstroff comme il nous a parus par le certificat du Sr Echett curé de Wolstroff qui nous a marqué l'enregistrement cy dessus et qu'il ne l'a faite qu'après que le père de l'enfant luy a exposé le danger et la difficulté de passer les eaux pour venir à Luttange le dit Nicolas Kokar étant habitant de Schelle par conséquence de la paroisse de Luttange"

Le baptême d'un enfant était une priorité juste après la naissance, car la mort des nouveaux-nés était fréquente. Sans baptême, point de salut et point de paradis! Il était donc important que la cérémonie ait lieu le jour-même ou le lendemain de la naissance, quelque soit les travaux en cours ou la météo... Cependant, force est de constater que la montée de eaux à du contraindre Nicolas COQUARD à faire baptiser son enfant à Volstroff.

Carte des Naudins (18ème siècle) - Source : http://www.chr-lorraine.fr/naudin/
A partir de la carte des Naudins, datant du 18ème siècle, il est possible d'imaginer le chemin qu'emprunta ce jour là, le 14 décembre 1747, Nicolas et son enfant, accompagnés du futur parrain et de la future marraine : des chemins, sans doute détrempés par la pluie, longeant les Bois de Vinsberg puis traversant le village de Kirsch. Avant de remonter vers le village de Luttange, il fallait traverser le ruisseau de la Bibiche. Il semblerait qu'il n'existait pas de pont à l'époque, mais un passage à gué. Des fortes pluies ont du considérablement faire grossir les cours d'eau. Devant le danger, Nicolas COQUARD a du se résoudre à faire baptiser son enfant dans une autre paroisse. Avant Volstroff, il y a Metzeresche et Metzervisse, mais tous deux situés de l'autre côté du ruisseau...


Devant les circonstances, le curé de Volstroff accepta de baptiser le jeune André COQUARD.

Peut-être une explication...


Existe t'il quelques traces de cet épisodes pluvieux dans les almanachs et chroniques historiques ? A première vue, pas grand chose sur "L'histoire du climat en Lorraine de 1312 à nos jours". 

Après quelques recherches, je tombe finalement sur un évènement particulier, qui s'est déroulé à Liège (à moins de 200 km), dans la nuit du 12 au 13 décembre 1747 :
 « Nos devanciers ont longtemps conservé la mémoire de l'épouvantable ouragan qui survint dans la nuit du 12 au 13 décembre 1747, et qui causa des ravages déplorables dans notre pays. Il y eut un nombre considérable de maisons renversées, et d'autres effondrées par la chute des cheminées. Bien des personnes, surprises pendant leur sommeil par la tempête, périrent sous ces ruines ».


Rien ne prouve qu'il y ait eu une tempête aussi violente dans la région de Luttange, néanmoins, il est fort probable que dans cette situation météorologique, de fortes pluies tombèrent durant cette période...




lundi 30 avril 2012

Charles DANY et Marie MAYER

Charles DANY est le fils de Nicolas DANY et Hélène LONGUEVILLE. Il naquit à Schell et fut baptisé le 5 juin 1699 à Luttange. Il fut Laboureur de Schell.

Il se maria en première noce avec Marguerite REINERT, fille de Jean REINERT et Anne BERTRINGER de Luttange, le 19 février 1726. Ils eurent un enfant, nommé Jean, né le 1er mai 1727. Marguerite REINERT décéda en décembre de cette même année.

Six mois plus tard, Charles DANY se maria avec une jeune fille de Metzervisse, Marie MAYER, le 1er juin 1728 dans cette paroisse. Ils eurent ensemble 11 enfants de 1729 à 1749.

En 1732, Charles DANY et Marie MAYER construisirent une nouvelle maison, signant de leurs initiales le linteau de la porte :
" CD 17 o 32 MM". Malgré l'état de ruine, cette maison est encore visible aujourd'hui...



Suite aux décès de sa sœur, Marie-Thérèse en février 1726 et de son beau-frère, Jacques HACARDIO, en février 1732, Charles DANY devint tuteur de leurs enfants mineurs Marie et Nicolas. Ainsi, dans un acte notarial du 19 mars 1736 (AD57 - 3E 2516), il est cité comme tuteur des enfants mineurs de Jacques HACARDIO et Marie Thérèse DANY :
"charle danny Laboureur à Schell Seigneurie de Luttange tuteur aux enfans mineurs de deffunt jacque haccariot et de marie thérèse danny vivant demeurant à marspich".
Dans cet acte, Charles DANY laisse à titre de bail pour six années et six récoltes les biens immeubles et terres appartenant aux enfants mineurs provenant de la succession de leur père et de leur mère à Michel MAURICE, qui est, comme Charles DANY, laboureur à Schell.

 
Dans un acte notarial du 10 janvier 1738, lors de la succession de Jean REINERT et Anne  BERTRINGER, parents de sa première épouse, et grands-parents de son premier fils, il est dit que pour "éviter à toute difficulté qui pourraient exister entre" Charles DANY et Jean REINERT, fils des deux défunts "au sujet d'un cinquième de maison, grange, escurie, aissance et dependance et jardin [...] revenant" à Jean DANY, fils de Charles DANY et Marguerite REINERT alors décédée, "ils ont tiré au sord". Charles DANY récupère les biens et les vend le 13 janvier 1738 à Frédéric CALMUS (AD57 - 3E 2517).

Marie MAYER décéda le 28 avril 1752.

En 1770, Charles DANY fit différents contrats obligatoires et sans doute un testament réglant sa succession, auprès du Notaire de Thionville, Hennequin. Ainsi, dans un acte du 26 juillet 1772, il est dit que Marguerite SCHNEIDER, veuve de Charles DANY, manœuvre de son vivant à Volstroff (fils de Charles DANY, laboureur), déclare avoir reçu la somme de 75 livres tournois de la main de Jacques DEFLORENNE, laboureur à Schell, conformément au contrat olbligatoire passé le 21 juillet 1770.

Charles DANY est décédé le 13 mars 1771, à Schell, à l'âge de 71 ans.

L'arbre en ligne de Charles DANY et Marie MAYER

Nicolas DANY et Hélène LONGUEVILLE

Nicolas DANY (Sosa 1630) et Hélène LONGUEVILLE (Sosa 1631) sont originaires de la région de la paroisse de Wallers-Trélon (aujourd'hui commune de Wallers-en-Fagne, dans le Nord). Ils sont tous deux nés vers les années 1650.

Ils se marièrent le 16 juillet 1678 à Wallers-Trélon, tous deux cités comme étant originaires de la paroisse. Ils eurent quatre premiers enfants.

A la fin de l'année 1686, et accompagnés d'autres familles de la région (DANY, DEFLORENNE, LEPORC...), ils quittèrent leurs villages pour s'installer sur les terres Lorraine. Ces départs ont sans doute été motivés par les politiques d'incitations fiscales et l'octroi de terres labourables qui a été décidé pour repeupler et relancer l'économie lorraine après le désastre de la guerre de Trente Ans.



Nicolas DANY s'installa avec sa femme et ses enfants dans le village de Schell. Il est alors, avec Ambroise DANY, Laboureur de Schell. Il existe dans doute un lien de parenté entre eux (frères?), mais cette hypothèse n'est pas démontrée.

En janvier 1687, naquit leur cinquième enfant, et premier sur les terres lorraines : Marie DANY. Pour sans doute honorer cette première naissance, le parrain fut Noble Sieur d'Attel, Seigneur en partie de Luttange. Nicolas et Hélène eurent encore sept enfants.

Nicolas DANY mourut en mai 1718, à l'âge de 65 ans environs, et Hélène LONGUEVILLE en janvier 1730, à l'âge de 80 ans environs.

Famille Nicolas DANY et Hélène LONGUEVILLE

Nicolas DANY (° vers 1653; + 23/05/1718, Schell)
       x 16/07/1678 Wallers-Trélon
Hélène LONGUEVILLE (° vers 1650; + 20/01/1730, Schell)

  • Michel (19/02/1679, Wallers-Trélon ; ?))
  • Ambroise Joseph (21/11/1680, Wallers-Trélon ; + 26/10/1689, Schell)
  • Anne Marie (11/10/1682, Wallers-Trélon ; + <1726)
  • Marie Anne (22/10/1684, Wallers-Trélon ; + ?)
  • Marie (31/01/1687, Schell ; + 08/03/1748, Schell)
  • Marie Catherine  (04/03/1688, Schell ; + ?)
  • Marie Jeanne       (20/12/1690, Schell ; + 27/04/1767, Ay-sur-Moselle)
  • Marie     (08/08/1692, Schell ; + ?)
  • Marie Thérèse  (28/09/1695, Schell ; + <02/1726)
  • Anne (20/02/1697, Schell; + ?)
  • Charles (05/06/1699, Schell; + 13/03/1771, Schell)
  • Marianne (20/04/1701, Schell; + 18/09/1742, Kirsch-lès-Luttange)
L'arbre en ligne de Nicolas DANY et Hélène LONGUEVILLE

samedi 28 avril 2012

Le dénombrement de 1611 à Schell et Vinsberg

Au début du XVIIème siècle, Schell et Vinsberg font partie de la Province du Luxembourg, alors sous domination espagnole."Weinsberg" était une Seigneurie appartenant aux Seigneurs de Luttange et comptait les villages de Weinsberg, Kirsch, Schellen et Metzer Esch. Le dénombrement des feux réalisé en 1611 nous apporte quelques informations intéressantes sur la vie à cette époque...

A Weinsberg, une population "pauvre et misérable"

Le dénombrement des feux liste pour chaque village les personnes imposables, les exemptés, et conclue sur la taxe qu'il leur sera demandé. Concernant le village de Weinsberg, le dénombrement ne liste pas de personnes, mais explique la situation dans un texte de onze lignes, écrit en français :


"A ce Lieu environné de boïs ou depuis quattre mois
[...] sont venu habités quelques personnes [...]
a cinq maisonnettes [...]
pauvres et miserables , ayant que bien peu de moyens"
*
Au delà de la description de la situation miséreuse du village, le "Commissaire" explique la situation afin de justifier ensuite quel taux d'imposition il leur sera donner. En effet les dénombrements avaient un rôle essentielle fiscal et permettaient de répartir les impôts. Aussi, étant donnée la situation, il est dit dans le texte que le village de Weinsberg sera taxé de l'équivalent d'un quart de feu, jusqu'à ce que leur situation évolue :

"Aÿant les Srs Déclarés que ceux qui demeurent sont
pauvres [...] les avons taxé au pnt denombrement
a une quart de feu tant seullement aussy de maintenir
[...] jusqu'a ce quils seront
mieulx habiter"

Le village de Schellen  

Le village de Schellen (Schell) était a priori moins miséreux que le village de Weinsberg. Une liste de sept noms est présentée, parmi lesquels une personne est dite "pauvre" et une autre "Exempt". La liste conclut sur le fait que les habitants de Schellen sont taxés à deux feux :

  • Jacquemin ANTHOINE
  • Jean LAMBERT
  • Andrieu MILLET (MILLOT)
  • Henrÿ GUILLAUME
  • Bartholomÿ GUILLAUME
  • Adam FRANCOIS (pauvre)
  • Jacquin HARDIER (exempt)

 Des difficultés du dénombrement au village de Metzer Esch 

Lorsqu'il fut demandé aux habitants de Metzer Esche de venir à Luttange pour le dénombrement, ils n'ont voulu obéir. Aussi, il a été décidé de taxer les habitants du village à 6 feux, comme il l'avait été précédemment. Un texte explique ensuite un peu plus en détail les causes de ce refus :


"Après avoir n’avoir pu dénombrer les sujaitz de la Srie de Weinsberg
les  Srs de Lutange ont montré que de tout tems Im
memorial ladite Srie de Weinsberg […] a esté
Exempt et point esté denombrer par les dénombrements
precédents sauf le dernier dénombrement fait pas MonSr
du faing lequel les a compris nonobstant toutes leurs
oppositions et pour montrer ladite exemptions […]"
 
 
Source :
  • La prévôté de Thionville: la seigneurie de Vinsberg: Vinsberg - Kirsch (1611) – Archives nationales du Luxembourg (A-XIII-6-2 f. 138)
  • La prévôté de Thionville: la seigneurie de Vinsberg: Schell - Metzeresche (1611) Archives nationales du Luxembourg  (A-XIII-6-2 f. 138v)

Marques ordinaires

Registre de la paroisse d'Elsange, le 23 novembre 1756, Jean Théodore Jolivalt, curé d'Elsange écrit :
"En foi dequoi tous ont signé avec Nous, exceptés le Père de l'époux et l'épouse, lesquels aïant déclaré ne savoir ecrire de ce enquoi ont fait leurs marques ordinaires".

En entamant mes recherches généalogiques, je m'imaginais de temps à autres pouvoir trouver quelques ancêtres illustres ou du moins quelques personnalités importantes. Ni prince ou chevalier, mais des laboureurs, des manœuvres, des tisserands, des charrons... Et alors, suis-je déçu? Pour le moins du monde. Ces laboureurs et manœuvres étaient avant tout des hommes et des femmes, dont la vie était rythmé par le travail, les moments religieux, les fêtes, les mariages, les décès, les maladies, les achats, les emprunts, les saisons...

Ce sont tous ces moments que j'essaye aujourd'hui de comprendre au travers des traces et des documents qui ont traversé l'histoire. Alors, quelle émotion de pouvoir retrouver dans un acte notarié ou un registre paroissial, la signature de l'une de ces personnes, fusse t'elle une simple "marque ordinaire".